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L’amour, vecteur d’intégration intelligente

par le 1 Oct, 2015 dans Nouvelles, Politique | 0 commentaire

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En poursuivant mes rencontres, j’ai partagé un moment fort avec Whethee et son époux. Il est issu de deux vieilles familles genevoises, elle est née au Libéria. Ils sont mariés depuis 20 ans, sont les heureux parents de trois enfants. Pourtant, malgré ces 20 années de bonheur, les choses restent compliquées dans le regard des autres. «Quand vous êtes une femme noire qui épouse un Blanc, les gens pensent argent facile, passeport et ciao.» Si la belle-mère de Whethee a tout fait pour qu’elle se sente bien, les choses ont été plus complexes dans la famille africaine où le mariage de Whethee n’est toujours pas considéré comme un vrai mariage. Cette histoire en dit long sur les difficultés d’une intégration réussie. Pourtant, je suis persuadée que des solutions existent pour une intégration intelligente.

N’oublions pas que la Suisse a été longtemps une terre d’émigrés. Au XIXème siècle, beaucoup sont partis en Amérique du Nord, en Amérique du Sud. Le mouvement s’est inversé au tournant du XXème siècle. La Suisse s’industrialise et devient prospère. Elle s’équipe, procède à de grands travaux, notamment pour améliorer la traversée des Alpes, le Gothard, le Simplon,… on a alors besoin de la main d’œuvre étrangère. À l’aube de la Première Guerre mondiale, la Suisse compte 15% d’étrangers. Ce qui est considérable pour l’époque.

C’est dans l’entre-deux-guerres, alors que l’on craint notamment les retombées de la Révolution bolchévique, qu’apparaît la crainte de la surpopulation étrangère. On se dote d’une loi sur les étrangers, une loi restrictive. L’immigration ne recommence à croître qu’à partir des années cinquante pour atteindre aujourd’hui 23,8%.  Il serait intéressant de procéder à une analyse ADN de grande envergure de la population suisse. On y découvrirait que la plupart d’entre nous ont des origines françaises (c’est mon cas), allemandes, italiennes, et que les Helvètes qui n’auraient que des gênes des Waldstaetten sont une minorité.

La Suisse, au cœur de l’Europe, se targue d’être une nation de trois cultures, même quatre avec le romanche. Et quoi qu’on en dise, l’intégration s’est plutôt bien faite chez nous : par le travail, les associations, les clubs sportifs, l’école… et les histoires d’amour, comme celle de Whethee et de son mari. Seul 1 mariage sur 3 implique 2 Suisses, le deuxième se fait entre 1 étranger et 1 Confédéré, le troisième entre deux étrangers.

On constate en analysant les résultats de votations ayant un lien avec l’immigration et les populations étrangères que ce sont ceux qui sont le moins en contact avec les étrangers qui en ont le plus peur et que les grandes villes, où les communautés étrangères sont déjà importantes, sont plus ouvertes et moins sujettes au repli.

Comment transcender repli et crainte ? Quels remèdes y apporter ? Mon expérience de «permanence (bureau ouvert)» à la Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) m’a démontré que l’écoute est un premier pas important vers la résolution des problèmes. Lors de mes trois premières rencontres spontanées avec les électeurs et électrices dans des cafés-restaurants du Canton, le même constat s’est imposé. Les personnes qui sont dans une situation difficile, celles pour qui chaque centime compte, celles qui vivent en dessous ou à la limite du seuil de pauvreté ne comprennent pas, ne peuvent pas comprendre que des réfugiés ou des demandeurs d’asile soient aidés comme elles ne le seront jamais. Elles ont un sentiment d’injustice, certes, mais elles ont d’abord et surtout l’impression d’être laissées pour compte. S’il est nécessaire de venir en aide à certaines minorités, s’il est vital de corriger certaines inégalités, il vaut aussi la peine d’aller à la rencontre de représentant-e-s de cette majorité qui souffre d’être silencieuse. Le besoin de parler est flagrant, le besoin d’être écouté.

 

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