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Valoriser l’agriculture régionale

par le 19 Sep, 2015 dans Nouvelles, Politique | 0 commentaire

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Les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Europe ont eu un impact positif pour l’industrie alimentaire en Suisse si l’on considère l’augmentation du montant annuel de produits exportés. Il n’en reste pas moins que le gros des exportations est constitué de produits transformés. La production, l’exportation, l’importation et la consommation de matières premières sont restées stables.

Pour les agriculteurs et agricultrices de Suisse, la situation reste donc extrêmement délicate car les coûts de production sont structurellement beaucoup plus élevés que dans les pays voisins. Les exploitations ont tout intérêt à créer de la valeur ajoutée.

Dans la famille Guye que j’ai eu la joie de rencontrer, c’est la passion des chevaux qui vient enrichir les activités du domaine.

La transformation à la ferme constitue un moyen privilégié de valoriser l’agriculture régionale. Pour exemple, la production fromagère de niche, l’Etivaz AOP (premier produit alimentaire suisse autre que le vin a obtenir l’appellation d’origine protégée). L’Etat pourrait jouer un rôle probant en encourageant et en accompagnant les exploitants agricoles dans de telles démarches. Mais c’est plutôt le contraire qui se passe. Lorsqu’une activité de transformation de produits agricoles est envisagée, l’Etat veut s’assurer de bien distinguer une activité commerciale d’une activité agricole. Dès lors l’arsenal d’exigences et de contrôles est tel que la plupart des producteurs agricoles renoncent, même lors de la construction de nouvelles exploitations !

Et que dire de l’agrotourisme suisse. Prenons un cas concret, celui de la famille Stähli. Christian Stähli – ancien Président suisse d’aventure sur la paille, membre du comité d’agrotourisme suisse – et son épouse Esther sont à l’origine d’une magnifique initiative : offrir des vacances à la ferme à des familles citadines. Une nuit sur la paille ou sous tente dans un site idyllique et dans un calme absolu. Ce sont quelques milliers de nuitées par année que ce couple assure avec grand professionnalisme. Mais l’offre risque bien d’être interdite. Pourquoi ?

En Autriche, en Italie, en Allemagne, l’agro-tourisme est très développé. La Suisse veut lier l’agrotourisme à l’agriculture : il faut être considéré comme agriculteur pour être autorisé à offrir des prestations d’agrotourisme. Soit. Mais quelles conséquences concrètes ?

Lorsque Christian sera à la retraite, dans cinq ans, il ne sera plus considéré comme agriculteur et ne pourra donc pas continuer à œuvrer dans l’agrotourisme, même s’il loue ses champs à ses voisins agriculteurs et que donc tout son terrain agricole continue à être cultivé !

Pire, l’interdiction risque bien de tomber plus vite encore car l’envergure des activités agricoles de leur domaine n’est pas considérée comme viable (équivalence d’une unité de main d’œuvre).

Pourquoi cet acharnement contre les petites exploitations ? Ose-t-on prétendre que ce sont elles les responsables du mitage du territoire qui empêche de pouvoir cultiver suffisamment en Suisse ? Que dire alors des grandes surfaces commerciales qui occupent 15 hectares avec d’énormes parkings goudronnés et qui n’arrivent pas à les construire en sous-sol ?

Doit-on rappeler qu’il est très facile de replanter des pommes de terre dans un terrain affecté à quelques tentes de camping ? Moins facile sur un terrain bitumé !

De qui les petits agriculteurs sont-ils donc les ennemis ? Gardons le sens de la logique et du concret. Encourageons toutes les initiatives entrepreneuriales qui permettent à des femmes et des hommes de subvenir à leurs besoins.

Il convient aussi de rappeler que le prix commercial des matières premières en Suisse n’a rien à voir avec leur coût réel. Le prix du lait est largement inférieur au prix d’exploitation. On aura beau accroitre la taille de l’élevage et atteindre les valeurs attendues d’équivalences en main d’œuvre, l’exploitation restera vouée à fermer.

La simple culture n’étant pas rentable aux prix du marché, les paiements directs et les directives de l’Etat doivent entrer en scène.

Quelques agriculteurs courageux veulent rester indépendants et refusent ces paiements directs. Pourtant le système les attend au contour: pas de paiements directs, donc pas de contrôle, impossible dans ce cas de vous acheter votre colza, vos betteraves…

Pourquoi mettre ainsi les agriculteurs et agricultrices sous tutelle ? La population ne devrait-elle pas jouer davantage son rôle démocratique en exigeant la transparence des coûts concernant la part payée par l’Etat pour chaque matière première alimentaire ?

Ne serait-il pas temps de lever cette interdiction de transformer directement sur le domaine agricole ? Est-ce vraiment aider l’agriculture que de lier la pertinence d’une offre d’agrotourisme à une échelle d’activité agricole ? Echelle dictée par qui ?

Imaginons une transition pour les jeunes qui se lancent et pour les agriculteurs expérimentés et volontaires !

Les responsables des exploitations agricoles, qui sont aussi des entrepreneurs, aspirent à une plus grande marge de manœuvre et à des prix justes afin de diriger leurs domaines comme des entreprises, sans crouler sous une régulation et une surveillance excessives.

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